Le passé simple (ou passé défini) est un tiroir verbal de la conjugaison des verbes français. C'est un temps simple essentiellement utilisé à l'écrit comme temps de narration, c’est-à-dire celui dans lequel sont exprimés les événements achevés successivement, considérés comme « essentiels », qui constituent la trame d'un récit. Les événements « non-essentiels », exprimés à l'imparfait, au plus que parfait et au conditionnel, ne sont pas mentionnés rigoureusement dans leur ordre réel de succession. Exemple :
Dehors la tempête faisait rage, aucun voyageur ne s'aventurerait plus jusqu'ici. Il éteignit une à une toutes les lampes, rentra dans sa chambre, se déshabilla hâtivement et se glissa entre les draps. Comme il l'avait deviné, ils étaient glacés. Néanmoins, il s'endormit presque immédiatement.
Selon Benveniste, le passé simple est non déictique, tout comme le récit qui est son cadre d'emploi quasi exclusif, ce qui s'accompagne d'une impression de distanciation ou d'éloignement temporel avec l'événement mentionné. Au contraire, le discours et ses temps (passé composé par ex.) sont déictiques, c’est-à-dire ancrés dans la situation d’énonciation. Ainsi, l’auxiliaire au présent du passé composé l’ancre dans le présent des interlocuteurs.
Selon la théorie et la terminologie utilisées, l’aspect du passé simple peut être qualifié de global, révolu ou tensif (Gustave Guillaume).
Conjugaison
- Verbes du 1° groupe: Aimer
j'aimai
tu aimas
il aima
nous aimâmes
vous aimâtes
ils aimèrent
tu aimas
il aima
nous aimâmes
vous aimâtes
ils aimèrent
- Verbes du 2° groupe: Finir
je finis
tu finis
il finit
nous finîmes
vous finîtes
ils finirent
tu finis
il finit
nous finîmes
vous finîtes
ils finirent
- Verbes du 3° groupe: Courir
je courus
tu courus
il courut
nous courûmes
vous courûtes
ils coururent
tu courus
il courut
nous courûmes
vous courûtes
ils coururent
Venir
je vins
tu vins
il vint
nous vînmes
vous vîntes
ils vinrent
tu vins
il vint
nous vînmes
vous vîntes
ils vinrent
Prendre
je pris
tu pris
il prit
nous prîmes
vous prîtes
ils prirent
tu pris
il prit
nous prîmes
vous prîtes
ils prirent
- L'auxiliaire "être":
je fus
tu fus
il fut
nous fûmes
vous fûtes
ils furent
tu fus
il fut
nous fûmes
vous fûtes
ils furent
- L'auxiliaire "avoir":
j'eus
tu eus
il eut
nous eûmes
vous eûtes
ils eurent
tu eus
il eut
nous eûmes
vous eûtes
ils eurent
Déclin du passé simple et disparition de l'oral
Le déclin du passé simple du fait de la concurrence du passé composé a débuté dès le XIIe siècle où il commence à perdre ses valeurs imperfectives et résultatives. Au XVIe siècle, dans le récit le passé simple exprime des événements lointains dont on se sent détaché, alors que le passé composé exprime des faits dont les conséquences sont ressenties dans le présent. Au XVIIe siècle, on connaît dans le monde littéraire la « règle des vingt-quatre heures » : un fait datant de plus de vingt-quatre heures doit s’énoncer au passé simple.
Depuis la fin du XXe siècle, le passé simple a pratiquement disparu de la langue parlée courante, sauf dans certains dialectes. Il n’est plus guère utilisé à l'oral qu'à la troisième personne du singulier, dans des tournures figées comme il fut un temps ou s'il en fut, ou dans des énoncés « solennels » (Ce fut pour moi un honneur...).
Au XXIe siècle, comme il est relativement peu usité, l'irrégularité de sa conjugaison (« il chanta », « il finit », « il crut », « il vint ») est ressentie comme difficile et peu de francophones savent que le passé simple du verbe « coudre » est « il cousit ». Les patois de langues d'oïl ont généralisé la forme en « -it », comme le rappelle un récit bien connu, l'« Histoire du chien de Brisquet », de Charles Nodier ; il se termine par la citation d'une expression en parler paysan :
« Malheureux comme le chien à Brisquet, qui n'allit qu'une fois au bois, et que le loup mangit ».
Le retrait du passé simple au profit du passé composé a séparé le français des autres langues romanes et fait disparaître une précieuse nuance : « Quand je suis arrivé à Paris… » (j'y suis encore) et « Quand j'arrivai à Paris » (il est possible que je n'y sois plus). De plus, le maintien du passé simple dans la langue écrite à intention littéraire a eu pour conséquence sa disparition aux premières et surtout aux deuxièmes personnes qui y sont peu employées.
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